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Lectiologue

Eden. François Maret.

15 Octobre 2017, 17:35pm

Publié par Vincent Ecrivaillant

Cela fait déjà un certain moment, trop long moment, où je n’ai pas parlé de bandes-dessinées.
J’ai dégoté, par un heureux hasard cette BD qui ne paye pas de mine, et qui n’est pas très connu mais qui est une histoire complète qui m’a pris dans le sens du poil.
Oui, je vous le dit, j’ai adoré Eden ; les textes sont étonnamment ciselés, incisifs et souvent proprement hilarants (c’est-à-dire que j’ai rigolais à voix haute dans les lieux publics quand je l’ai lu).
Les dessins sont très stylisés, vivants et dynamiques compensant largement le fait qu’ils soient en noir et blanc. Ils n’ont aucune prétention au réalisme et c’est ce qui les rend géniaux ; les dessins définissent souvent les personnages et leur fournit une bonne excuse pour s’insulter, mais ce n’est pas la seule. Le design des personnages se définit par le scénario particulier de l’histoire ; seule exception, l’héroïne nommée Zanoo qui est l’incarnation de la divine beauté pulpeuse voire plantureuse sur terre comme au ciel, Amen. Son apparence est stéréotypée mais, je ne vais pas m’en plaindre, contrairement à elle, en plus elle a les cheveux courts et j’adore ça.
Passons au scénario, domaine où je m’y connais mieux (enfin tout est relatif), il s’agit de toute évidence d’un récit de Science-Fiction de type Post-Apocalyptique.
Toutefois, la question de la survie et de l’hostilité est bien vite écartée et c’est tant mieux car le sujet est la refonte de la civilisation (préférez ce terme à celui de race) humaine, d’où le titre d’ « Eden ».
Des Edens car ils sont plusieurs à servir de caricatures des penchants actuels à travers ce monde finalement pas si éloigné du notre. On commence fort avec un Eden dirigé par les hommes, obnubilés par la pureté génétique et donc évidemment par le fait de copuler, vous devinez la suite (festival des pervers). S’en suit un Eden Céleste dirigée par les femmes (celui-ci est terrifiant même si vous n’avez pas le vertige), obnubilée par leur apparence, notamment leurs poids (festival des connasses). Enfin, le New Eden (pourquoi pas Nouvel Eden ?, bref), qui semble mieux mais qui s’avère le pire de tous car il est dirigé par un homme, un incroyable salopard dénommé Adam. La constante, c’est Zanoo et sa présence ...euh... stimulante, c’est une vraie héroïne, indépendante et animée d’une volonté qui ne la rend que plus bandante … balèze je voulais dire. Elle est accompagnée, sans rien demander à personne, par des personnages issu des différents Eden qu’elle parcoure et perturbe sans réelles intentions. Les relations de Zanoo avec le monde sont donc particulières ; pendant le premier tiers de l’histoire, Zanoo dispose de la puce-âme de Réno (un homme du premier Eden) dans son crâne, ce qui donne pas mal de dialogues sympathiques. Imaginez : une femme magnifique avec un homme dans sa tête, c’est comme si on avait gardé le meilleur des deux (attention ; ceci est une blague misogyne, bien entendu). Sérieusement, « Eden » est une excellente BD qui s’adresse aux fans de science-fiction mais aussi à d’autres personnes ouvertes d’esprit et adeptes de second degré intelligent. À lire par un public d’ados et d’adultes non pisse-froid.

Beaucoup de dialogues sont désopilants mais celui-ci est corodulée (un hybride sauvage entre acidulée et corrosif vient d’apparaitre) :
« Écoutez tous ! Je propose que les candidats s’affrontent lors de débats publics, que l’on organise des meetings, des forums, des sondages, que chacun fasse campagne.
On créera des listes électorales, il y aura des affiches, des bureaux de vote, des urnes, des pots de vin, des rumeurs, des accusations, des coups bas, même des caisses noires ! Une vraie démarche démocratique ! Qu’est-ce que vous en dites ? »  »

Eden. François Maret.
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