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Lectiologue

40 jours de nuit. Michelle Paver.

14 Novembre 2017, 16:57pm

Publié par Vincent Ecrivaillant

L’hiver approche, et on va parler ce mois-ci d’une histoire se déroulant sous le soleil de minuit.
L’histoire de ces quarante jours de nuit, elle a été écrite par l’écrivain britannique Michelle Paver en 2012 qui place l’action dans l’entre-deux guerres. Nous suivons Jack Miller, jeune homme solitaire, introverti, une situation qui le pèse qui réagit comme un homme débordant de rancœur envers tout le monde. Ingénieur qui voulait être scientifique, il se joint à une expédition vers une baie de l’ile Spitzberg sur l’archipel des Svalbard affilié à l’époque (et aujourd’hui encore) à la Norvège.
C’est donc dans les latitudes boréales, au-delà du 60° Nord que nos compagnons dont le nombre de membres n’a de cesse de baisser. Ne vous emballez pas, il ne s’agit pas de meurtres sanglants et/ou sadiques mais bel et bien de concours de circonstances empêchant les membres de l’expédition de poursuivre cette dernière.
L’histoire est plutôt réaliste et procure une rêverie d’évasion d’un exotisme polaire ; une sorte d’ode à la nature à la Jack London ; toute comparaison gardée.
Toutefois, l’histoire serait moins intrigante si elle se limitait à un récit paysager, il y a là-dedans une dimension fantastique, voir horrifique qui n’est pas pour me déplaire.
Cela reste très soft, comme on peut s’en douter (au vue de l’édition notamment), mais il s’agit réellement d’une surprise, et pas seulement dans le fait que j’attendais rien de particulier de cette histoire.
L’auteure semble prendre un risque en dévoilant ce qui va se passer à la fin de l’histoire dès le début mais en gardant suffisamment de cartes en main pour nous surprendre. Le héros est particulier, certains peuvent avoir du mal à s’identifier à lui, il est brave et responsable mais vraiment raisonnable, si bien que parfois, je me suis demandé : pourquoi tu fais ça ?
Du point de vue de la lecture, elle est fluide, contemporaine, simple, les personnages sont plutôt travaillé mais cela demeure logique : l’histoire de forme épistolaire, fait 300 pages, le nombre de personnage ne dépasse pas la dizaine, en comptant les chiens, oui, car j’aime les chiens.
Ce type d’histoire devrait parler à tout le monde car elle parle bel et bien de sujets universel et reste dans un fantastique très terre-à-terre.
Pas très subtilement mais véridiquement l’auteure nous rappelle glacialement que ce qui est le plus angoissant, c’est l’attente, l’attente dans le noir et la solitude, hors du temps et donc hors des réalités.

 

Détaché de la banquise, un extrait se dirige lentement vers vous et du rugissement du vent au murmure des glaces, vous l’entendait vous dire :
« Tout à coup, de l’autre côté, un étrange grattement métallique, étouffé, est sorti du brouillard. Comme si on trainait un objet sur une roche.
J’ai fait volte-face et le faisceau de ma lame-chapeau a balayé les alentours. Rien. Pourtant, le bruit gagnait en intensité, se faisant plus distinct. Criss, criss. Il approchait. Mon cœur battait à tout rompre. J’ai voulu m’enfuir. Mes pieds étaient cloués au sol.
Le bruit métallique était à présent devant moi, à seulement quelques pas – mais je ne voyais toujours rien. C’est impossible, pourtant je l’entends. Criss, criss.
Puis le silence. Tout près du poteau. Si proche que, si j’avais tendu la main, j’aurais pu le toucher – mais quoi donc ? Une présence. Invisible. Dont la proximité m’était intolérable. »

40 jours de nuit. Michelle Paver.
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