La Guerre du feu. J-H Rosny Aîné.

L’aventure préhistorique est un thème peu exploité mais toutefois on peut avancer un roman : « La Guerre du Feu » de J.H. Rosny Aîné autrement Joseph Henri Honoré Boex  (pseudonyme étant celui de l’écrivain avec puis sans son frère) peut vous amener à concilier un intérêt pour le passé de la part d’un écrivain considéré comme l’un des grands fondateurs de la science-fiction moderne.
Franco-belge, Joseph Henri Rosny a d’ailleurs était président de l’Académie Goncourt pendant 14 ans. Ce n’est pas un fabuliste, sa rigueur scientifique (de la seconde moitié du XIX à la seconde moitié du XXème siècle) se ressent et cela permet de donner corps à une histoire somme toute réaliste dans un contexte assez peu ou mal connu par le public. Aujourd’hui, son récit s’avère encore proche avec les avancées archéologiques (parole d’un ex-majeur de promo en archéologie) même si quelques erreurs se révèlent, il faut garder à l’esprit qu’il s’agit d’une œuvre de fiction. Moins fantastique que d’autres récits de J-H Rosny, « La Guerre du feu » écrit en 1909 est une épopée moins militaire que le titre l’aurait laissait deviner, dans laquelle on se laisse embarquer très facilement.
Ecrivain pas assez mis en valeur au détriment d’autres auteurs qu’il a pourtant inspiré plus ou moins directement : Herbert George Wells, Sir Arthur Conan Doyle, Richard Matheson, etc…
La langue d’écriture de l’auteur faisant sans doute jaser sur la nature de ses récits (tous les écrivains francophones de SFFF savent de quoi je parle), à l’époque, ce phénomène était paradoxalement moins rigide.
Il faut savoir que son nom a même était donné à un prix littéraire de science-fiction de langue française : le prix Rosny Aîné, si ça ce n’est pas la classe.
Bien, parlons de l’histoire maintenant, « La Guerre du feu » a était un succès et a été adaptée plusieurs fois sur écran. D’abord parue par partition dans des revues spécialisées en conte scientifique.
L’action se déroule il y a environ cent millénaires de maintenant au sein d’une tribu relativement civilisée qui perd leur mode de survie principal en la destruction du feu qu’ils gardaient à défaut de savoir le créer. La vie de la tribu est alors bouleversée et un groupe de jeunes guerriers dirigé par notre héros décide de rapporter le feu aux siens. C’est donc une odyssée paléolithique, et le talent de J-H Rosny Aîné se fait sentir sur des scènes de danger où ces lointains ancêtres assez proches de nous s’avèrent palpables : entre les mammouths, la tigresse, les ours géants, les dévoreurs d’Hommes, la nature hostile et les tensions du clan, l’aventure est risquée et s’apparente à une course pour la survie, à une course d’endurance.

Remontons le temps avec un extrait des temps anciens :
« Ils observaient avec curiosité et une femme, qui conduisaient la horde, hocha la tête.
Le grand nomade montra, par des gestes, que les siens avaient vu mourir le Feu et qu’il avait su le reconquérir.
Personne ne paraissant le comprendre, Naoh se demanda s’ils n’étaient pas de ces races misérables qui ne savent pas se chauffer pendant les jours froids, éloigner la nuit ni cuire les aliments.
Le vieux Goûn disait qu’il existait de telles hordes, inférieures aux loups, qui dépassent l’homme par la finesse de l’ouïe et la perfection du flair. Naoh, pris de pitié, allait leur montrer comment on fait croître la flamme, lorsqu’il aperçut, parmi des saules, une femme qui frappait l’une contre l’autre deux pierres ».