Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Lectiologue

Un milliard d’années avant la fin du monde. Arcadi et Boris Strougatski.

10 Juillet 2016, 15:33pm

Publié par Vincent Ecrivaillant

Une critique particulière cette fois-ci, puisqu’il s’agit d’un livre que j’ai découvert de manière fortuite et, captivé par sa couverture et son résumé, je l’ai ouvert pour le refermer que lorsque je l’eus terminer. Arcadi et Boris Strougatski sont deux écrivains (frères) russes qui sont contemporains d’auteurs de Science-Fiction de la seconde moitié du XXème Siècle durant la Guerre Froide, qui nous place, une fois n’est pas coutume du côté soviétique.
Il n’est vraiment pas aisé d’effectuer un résumé de ce roman beaucoup trop méconnu à ce jour sans vous gâcher toute l’intrigue.
L’histoire de cinq hommes, cinq découvreurs face à l’absurde logique grimaçante et angoissante, dont seul des êtres d’exceptions peuvent appréhender l’adversité universelle. Celui de personnages oscillants entre folie et génie qui décide de se mesurer à l’incommensurable, à l’unique force de son esprit et de son savoir. Il y a dans cette histoire quelque chose à la fois de scientifique et de magique mais aussi un aspect quasiment mystique de la relation de l’homme à son environnement en prédisposant le commun des mortels à des forces qui l’outrepasse. La lecture de cette courte mais dense histoire se fait facilement dans la forme, c’est le fond qui m’a fait un effet monstre. Même si je ne peux me résoudre à classer les œuvres qui m’ont le plus marqué : je peux affirmer sans sourciller que « Un milliard d’année avant la fin du monde » fait partie, au minimum, de mes dix favorites.
C’est avec ce genre de livre, qui, après une entame de quelques pages, l’histoire prend une dimension de thriller hors norme où le gigantisme lui-même est démesuré (et seul lui sait que j’aime la démesure). Si vous êtes amateurs d’actions, fuyez, pauvres fous car ici, c’est bien la réflexion et le débat qui sont de circonstance. L’histoire est riche en dialogue, se déroule sur peu de temps et encore moins de lieu, si bien que si je devais réaliser une pièce de théâtre je penserai à l’œuvre des Strougatski immédiatement.

Pas simple de vous donner un extrait représentatif sans vous dévoiler toute l’intrigue mais ce n’est pas impossible.
« Il se détacha du chambranle et entra dans le séjour. Il était empli de fumée, trois verres bleus se dressaient, orphelins, sur la table : deux vides et le troisième à moitié plein ; le soleil avait déjà atteint les rayonnages de livres.
Il s’attarda un peu dans le fauteuil, termina son verre. Derrière la fenêtre quelque chose grondait et renâclait ; les hurlements d’enfants et le bruit de l’ascenseur arrivaient de l’escalier par la porte ouverte. Ça sentait la soupe aux choux. Puis il se leva, patina à travers l’entrée, se cognant l’épaule contre le chambranle, traîna péniblement ses pieds sur le palier et s’arrêta devant la porte de l’appartement de Snégovoi. La porte était scellée, sur la serrure il y avait un gros cachet de cire.
Il l’effleura prudemment du bout des doigts et retira vivement sa main. Tout était vrai.
Tout ce qui était arrivé était vrai. Le citoyen de l’Union Soviétique Arnold Palitch Snégovoï avait quitté la vie. »

Un milliard d’années avant la fin du monde.	 Arcadi et Boris Strougatski.
Commenter cet article